Ethiopie
Seize personnes au moins ont été tuées lors des manifestations de cette semaine en Ethiopie contre le Premier ministre et prix Nobel de la paix Abiy Ahmed, a déclaré vendredi un chercheur d’Amnesty International.
“A ce stade nous avons 16 morts confirmés mais leur nombre doit être supérieur car de nouvelles informations circulent qui restent à confirmer”, a déclaré Fisseha Tekle.
Les forces de l’ordre ont ouvert le feu sur des manifestants lors des violences mais celles-ci prennent de plus en plus la forme d’affrontements sur des bases ethniques et religieuses, a-t-il ajouté.
“Certains ont été tués à coups de bâton, de machette, des maisons ont été incendiées. Des gens ont même utilisé des balles et des armes légères pour tuer, pour se combattre”, a ajouté le chercheur. Il a ajouté ne pas avoir d’informations sur les événements de la nuit de jeudi à vendredi “mais il n’y a pas de signe d’apaisement”, a-t-il dit.
Les violences, dont un précédent bilan s‘établissait à quatre morts et des dizaines de blessés mercredi, ont éclaté dans la capitale, Addis Abeba, et dans la région d’Orimia après qu’un dirigeant de l’ethnie oromo, la plus importante du pays, eut accusé les forces de sécurité d’avoir tenté d’organiser une attaque contre sa personne.
Jawar Mohammed, fondateur du média d’opposition Oromia Media Network (OMN), basé aux États-Unis, et rentré en août dernier, est un ancien allié du Premier ministre réformateur Abiy, lui même un Oromo. Mais les relations entre les deux hommes se sont récemment détériorées, Jawar Mohammed ayant critiqué publiquement plusieurs réformes d’Abiy Ahmed, qui vient d‘être récompensé par le prix Nobel de la paix.
Appel au calme
Les troubles illustrent les divisions au sein de l’ethnie oromo qui pourraient affaiblir le soutien à M. Abiy l’approche des élections prévues en mai prochain.
M. Jawar a appelé jeudi au calme, tout en accusant les autorités d’alimenter l’instabilité.
Ce militant de 32 ans a joué un rôle clé dans les manifestations antigouvernementales ayant mené à la chute du prédécesseur de M. Abiy et à la nomination en avril 2018 de ce dernier comme premier Premier ministre réformateur. Il est accusé par ses détracteurs d’inciter à la haine ethnique et de n’avoir pour but que de déstabiliser le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique avec 110 millions d’habitants.
Abiy Ahmed a reçu au début du mois le prix Nobel de la paix, récompensé comme l’artisan d’une réconciliation spectaculaire avec l’ex-frère ennemi érythréen et le père de réformes susceptibles de transformer en profondeur l’Ethiopie, longtemps livrée à l’autoritarisme.
AFP
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